La période A1200: on se fait les muscles
Je fais du son depuis le milieu des années 90 sur Amiga avec Protracker. J’adore la simplicité pour moi intuitive de ce logiciel. Quand je suis allé acheter mon premier Amiga, le mec m’a demandé tout de suite ce que je comptais en faire: du son. Mon pote A.N.T.I. composait alors sur Octamed, logiciel Amiga également. Mais le vendeur ne l’avait pas, il n’avait que la démo de Protracker. Il a lancé le soft, m’a montré rapidement comment charger un son, le poser, le sampler intégré, puis s’est rendu compte que ni lui ni moi n’avions de clope, et a donc décidé de me laisser son appart’ le temps qu’il descende en bas acheter en un paquet. Il est donc parti un peu moins de 10 minutes, me laissant seul dans son appartement devant mon futur nouveau jouet. Quand il est revenu, j’avais déjà fait 4 paternes à base de fichiers que j’avais chopés au pif sur le disk dur: des fichiers textes et autres, pas du tout du son, qui pour le coup, rendaient un son bien dégueulasse: exactement ce que je cherchais.
“bon bah je pense que tu as pigé le principe on dirait …” me dit-il, un peu étonné. Voilà comment a commencé mon épopée de Performer/Compositeur.
J’étais déjà Dj, sur vinyls, s’il vous plait. La déferlante des MP3 et autres fichiers musicaux n’était pas encore arrivée en France, on était encore bien avant le premier Ipod qui a lancé cette déferlante qui bouleversera par la suite l’industrie entière de la musique au niveau mondial. C’est donc très naturellement que j’ai voulu assez rapidement acheter un second A1200, pour les relier autour d’une table de mixage et retrouver la flexibilité d’un mix platines. Fauché comme le blé, il me faudra tout de même attendre deux ou trois ans avant de pouvoir m’en offrir un second, et passer de la composition de tracks aux performances Live à deux, puis à trois Amigas. Je passais alors du blase Dj Isaac à isAAAc, avec les trois A de l’Association des Astronautes Autonomes.
le passage à GNU/Linux
Les A1200 c’est le Bien. De vraies bêtes de compétition pour le live, quasi increvables, ça résiste à quasi tout:
- temps pluvieux
- renversement de coca
- renversement de café-cognac
- chutes maladroites Je leur en aurais fait vraiment voir de toutes les couleurs …
Les A1200 c’est le bien, mais … c’est encombrant de se trimballer avec trois A1200, la table de mixage et les trois écrans cathodique qui allaient avec. Ça fait les muscles, ça aide à la socialisation car il faut toujours trouver quelques amis-esclaves pour aider à porter tout ça.
Parallèlement, le milieu des Teufs, Rave et autres festivités électroniques à tendance Anarco-toxicomaniaques m’ont conduit à me tourner vers une réflexion sur l’Alternative: alternative sociétale, de pensée, d’organisation, de financement, mais aussi technologique.ma rencontre avec GNU/Linux a découlé tout aussi naturellement que mes première patterns protracker: la jonction était faite, déjà évidente à mes yeux, et renforcée plus tard avec mon premier passage aux RMLL de Nantes où j’ai découvert Richard Stallman et son Show sur les Lois du GNU. Oui, non seulement on voulait changer le monde, mais c’était réellement possible. ET ON ALLAIT LE FAIRE BORDE !!!
C’est alors que je me suis mis en quête de faire du son sur linux, ce qui n’était vraiment pas gagné. Si linux était top pour plein de choses, pour le son, c’était (c’est ?) une vraie galère: les softs manquaient cruellement, il fallait passer sur un kernel Real Time (rt) pour réduire la latence, il fallait de grosses babasses, et savoir debug et peaufiner son ordi. Sans compter le prix d’un ordinateur portable qui était largement, à nouveau, hors de mes moyens, tant financiers que techniques…
Après moultes échanges avec les développeurs LADSPA, gentils, mais qui avaient du mal à piger ce que je voulais faire, et surtout pourquoi, Renoise a fait son apparition: enfin un tracker moderne, qui tournait impec sur linux. Mais j’avais toujours pas de portable, et mes tours étaient vétustes car, toujours fauché comme les blés, je montais mes machines avec du bric et du broc de récup’.
Je suis donc resté très longtemps sur A1200, devenant une sorte d’extra-terrestre dans le milieu de la musique électro, et ça devenait un peu ma marque de fabrique.
la FIFA
Éducateur Spécialisé, voulant changer le monde, je me suis bien fait mal à la vie. Et j’ai donc fini par lâcher l’affaire de ce secteur, laissant les pouvoirs publics et les professionnels de l’associatif malmener les enfants en détresse et autres naufragés de la vie, poursuivant mon mix existentiel dans les milieux alternatifs que j’écumais déjà: les squats et autres tiers-lieux .
C’est comme ça que j’ai croisé Breizh-Entropy, le hacker-Space Rennais qui est venu s’installer en lieu et place de la piaule de Fuel Insekt à l’Élaboratoire. Moultes aventures avec B.E.: des Whatever Apéros de fous, mon premier FOSDEM, la rencontre avec les copain.e.s du THSF, … Suite à cette tornade, j’ai découvert Ibniz: enfin un soft de son qui faisait du bien dégueulasse, sans à avoir à passer un BAC+5 pour comprendre comment ça marche. Et ça tourne impec sur linux, sans avoir besoin d’une bête de course. Il n’a pas fallu longtemps avant que se monte la F.I.F.A.
Mais les visuels ne me satisfaisaient pas complètement, je voulais autre chose, sans compter que j’ai jamais rien compris à la syntaxe pour tenter de maîtriser un peu ce que je faisais, même si partir sur du nawak donnait aussi son lot de plaisir.
Peu de temps après, j’ai croisé Olivier « oliv3 » Girondel par hasard sur IRC, et qui a développé LeBiniou qui correspondait carrément à ce que je voulais faire à ce moment là. Oliv3 nous a hélas quitté le 5 septembre 2023. Mais j’avais donc ce que je voulais pour jouer avec les images en live.
le Biniou, le Livecoding et Renardo
Puis j’ai découvert Foxdot au FUZ à Montreuil, qui a ensuite été forké pour Renardo. Et depuis je tente d’apprendre à livecoder de manière pas trop dégueulasse pour faire proprement un son dégueulasse :).
Mais voilà, mon setup désiré avait besoin de manger de la ressources, et après avoir tenté et réfléchi longuement pendant des nuits et de s nuits d’insomniaque, j’ai dû me résoudre que jouer avec deux laptops et un troisième pour streamer tout ça, sans table de mix video qui coûte les deux bras, il me fallait réellement un VRAI laptop, pas trop vieux, et le plus respectueux de notre environnement, à l’image du fairphone démontable, réparable by design.
le Framework 16
C’est comme ça que j’ai eu un concours de circonstances: un peu de sous suite à une prime au taf, et la bonne info pile à ce moment là: le framework. Et pour une fois, j’ai un peu d’avance, j’ai pris le dernier: le Framework Laptop 16 DIY Edition, avec le dernier processeur AMD Ryzen™ 7040 Series.
Mais voilà, nouveau matériel, nouvelles problématiques…
(la suite prochainement dans un prochain article)
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